Camp Boiro Inside Podcast I Ardo Ousmane Bâ I Sinistre geôle de Sékou Touré I Episode 2
Lundi 17 septembre 1973
Ce fut la soif et la chaleur qui me tirèrent de mon sommeil. Toute la journée le soleil avait dardé ses rayons de feu sur les tôles qui étaient au-dessus de moi et transformaient ainsi la cellule en un véritable brasier. La sueur et l'humidité avaient trempé ma nouvelle tenue. J'allai à la porte pour taper dessus et une voix se fit entendre :
Qui tape la porte ? ah ! qui tape la porte. — C'est moi répondis-je à ce geôlier qui grognait devant le poste de police. Après un court silence, j'entendis un autre dire « c'est le 53 qui tape ». Des pas de brodequins se mirent alors à résonner sous la véranda. La porte de la cellule s'ouvrit et quatre malabars, dont un adjudant-chef se présentèrent devant moi. Ce dernier m'observait avec un œil plein de dédain.— C'est quoi ? pourquoi as-tu tapé la porte ?— Pour demander de l'eau à boire, j'ai vraiment soif, depuis mon arrivée j'avais demandé de l'eau, mais jusqu'à présent j'ai pas cette eau, pourtant promise par l'autre groupe.L'adjudant-chef sourit cyniquement avant de demander à un agent d'amener de l'eau tiède dans la boîte, ensuite il se tourna vers moi pour me faire part des consignes qu'il devait faire appliquer.— Tu as fait quatre jours sans manger ni boire, à cause de ton long voyage, tu auras tout de suite un peu d'eau. Ensuite, le robinet restera fermé. J'espère que je me suis fait comprendre et surtout tu retiendras que je n’aime pas être dérangé.Je scrutais cet homme, qui venait de parler sur un ton calme. Une chose était certaine, cet agent devait être extrêmement intransigeant. Un autre agent vint avec une boîte de Nestlé remplie d'eau aux trois quarts. Lentement l'adjudant-chef me tendit la boîte contenant ces gouttes d'eau. Sans dire mot, je levai mes mains pour lui montrer les menottes qui me paralysaient. 53, je n'ai pas de temps à perdre, articula-t-il lentement, ces menottes ne t'empêchent point de prendre la boîte et de boire. Tu veux simplement que je te les ôte, ne serait-ce que pour une minute, mais je ne le ferai jamais !Je regardais encore cet agent si différent des autres geôliers, à cause de son flegme. Dans son regard, se reflétait une rare détermination. Il me tendit de nouveau la boîte et avec mes deux mains liées par une chaîne d'acier, je la pris. Une fois de plus je regardais l'adjudant-chef. Nous nous regardâmes droit dans les yeux et je me sentais plier sous une sorte de magnétisme. Je portai la boîte entre mes lèvres et vidai d'un trait son contenu avant de remettre la boîte vide à l'adjudant-chef qui esquissa son sourire, avant de me dire :53, j'espère que nous nous sommes compris ; le robinet est fermé hermétiquement sur ordre du Comité révolutionnaire.— Maintenant, accompagnez-moi aux toilettes, lui demandai-je.53, tu as une tinette au fond de la cellule, elle est là pour que tu y fasses pipi ou autre chose. Après ton interrogatoire, chaque nuit, tu vas à la vidange.Il pivota sur lui-même et demanda aux agents de refermer la porte. Maintenant je prenais au sérieux la situation dans laquelle ce salopard de Mohamed Diarra nous avait foutus. Je me posais mille et une questions /
-Quand aura lieu la confrontation et où ?
-Où avaient-ils gardé mon grand frère et ce jeune Malang Mané ?
-Où se trouve cette justice que clame sans cesse le président Ahmed Sékou Touré ?
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