Un des grands films classiques du cinéma africain qui joue avec nos nerfs et interroge notre conscience d'homme ou de femme...
Hyènes, du cinéaste Djibril Mambéty Diop, fait incontestablement partie, des classiques du cinéma africain. Une version restaurée qui fait des heureux dans le camp des cinéphiles.
Dans le cinéma africain, j’ai rarement vu un film aussi puissant et intemporel à la fois. Un film d’auteur, sélectionné au Festival de Cannes en 1992.
Par le prisme d’une fable, le film dénonce la corruption qui gangrénait la société sénégalaise à cette époque-là. Soit dit en passant, une problématique encore existante et répandue dans certains pays africains aujourd’hui.
Dans ce film, le cinéaste a choisi l’adaptation d’une pièce de théâtre intitulé : « la visite de la vieille dame » d’un dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt, décédé en 1990.
C’est en hommage à cet écrivain que Djibril Diop Mambéty décide d’implanter cette histoire de vieille dame richissime qui revient dans son village natal, dans un décor tropical, version africaine ou plutôt version sénégalaise.
Le titre en dit long ; plutôt que de poser la caméra du côté de la vieille dame, le cinéaste préfère poser l’objectif du côté de toutes ces belles âmes qui s’apprêtent à se transformer en hyènes pour quelques dollars. La faim ne justifie-t-elle pas les moyens ?
Vous l’aurez compris, dans ce film tragi-comique, il est question de vieille dame, de retour, de pouvoir, de vengeance, de beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent… et aussi de corruption ; le tout mijoté dans une sauce africaine bien huileuse, sous le regard du grand chef.
C’est une vieille dame meurtrie physiquement et psychologiquement qui se présente aux portes de sa ville natale, Colobane, une ville en pleine faillite économique. Elle s’appelle, Linguère Ramatou, un personnage aussi intrigant que perturbant. Beaucoup ne se souviennent plus vraiment d’elle ; sauf un homme : Drameh Draman, son premier amour d’enfance pour lequel, elle est revenue dans le seul but de se venger… Ici, l’argent crée le pouvoir et elle va se servir de ce pouvoir pour créer le chaos dans cette petite ville de Colobane.
Cette phrase d’un des personnages résume assez la stratégie de la vieille dame pour précipiter la chute de l’homme qu’elle a tant aimé : « Elle s’est emparée de nos âmes les unes après les autres ».
Hyènes, c’est aussi un décor, des couleurs, des costumes, une esthétique, de la poésie, une musique splendide composée par Wasis Diop le frère même du cinéaste… bref, Hyènes est un film très chorégraphique, quasiment théâtral.
C’est un film qui parle de déchéance, de décomposition, d’humiliation ; comme si le cinéaste voulait nous mettre en porte-à-faux avec notre propre conscience. Face à l’argent, face à une crise, comment est-elle cette conscience ? Bonne ou mauvaise ?
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